Les cancers de l’enfant entre 0 et 15 ans représentent environ 1% de l’ensemble des cancers.
Chaque année, prêt de 400 000 nouveaux cas de cancers sont diagnostiqués dans le monde parmi les enfants. En Afrique francophone, ce taux varie entre 15 000 et 20 000 cas dont 300 nouveaux cas en Côte d’ivoire. Ces chiffres sont sous-estimés car l’on s’attend à en moyenne 1 000 nouveaux cas par an de cancers chez les moins de 15 ans en Côte d’Ivoire.
Ces cancers sont variés et dominés par le Lymphome de Burkitt, les autres Lymphomes, la Leucémie aigüe et les cancers du rein et de l’œil qui constituent 80% des cancers rencontrés en pédiatrie. Le lymphome de Burkitt qui est un cancer des ganglions et de la rate représente à lui seul 45% des cancers de l’enfant en CI. Depuis 2019, l’HME enregistre environs une dizaine de cas par an. Il concerne aussi bien les garçons que les filles et l’âge moyen de découverte est de 07 ans.
Ce cancer se manifeste au début par une douleur dentaire, puis une mobilité dentaire avec parfois chute de la dent. C’est la forme dite maxillo-faciale avec survenue progressive d’une tumeur de la joue. Dans la forme abdominale, on observe un amaigrissement important du fait de la gêne de l’alimentation, de la fatigue, de l’anémie, une douleur abdominale et des troubles digestifs.
Les facteurs favorisants sont surtout environnementaux : malnutrition, déficit immunitaire et souvent infection au virus EBV. Ce cancer et parfois associé aussi au VIH. Il faut préciser qu’à la différence des maladies infectieuses, le cancer n’est pas contagieux. Si rien n’est fait, le décès survient en 06 mois d’évolution par progression tumorale.
Le traitement repose essentiellement sur la chimiothérapie qui reste très efficace avec des taux de rémission de 80% en occident. Dans notre contexte de travail, se taux tombe à 30% du fait des difficultés d’accès au traitement.
La chimiothérapie consiste en l’administration de médicaments antitumoraux en perfusion. A l’HME, nous utilisons le protocole international de traitement des Lymphomes qui se déroule en 06 cures d’une durée d’une semaine par cure. Les cures sont espacées de deux semaines. La chimiothérapie entraine beaucoup d’effet secondaires dont les nausées, vomissements, fièvre, anémie et perte des cheveux. Pour limiter les effets, l’enfant doit être bien préparé par des traitements antérieurs : cure anti palustre, déparasitage, traitement de toute infection découverte, soutien nutritionnel. L’hygiène buccodentaire, corporelle et vestimentaire doit être de mise tout le long du traitement.
Ce traitement (environs 07 millions de FCFA) n’est malheureusement pas accessible à tous. Deux enfants reçus sur trois sont vu tardivement et le taux de succès tourne autour de 40%.
Pr Atteby Jean-Jacques YAO
Chef de Service Oncologie Pédiatrique Hôpital Mère Enfant de Bingerville.
Maître de Conférences Agrégé de Pédiatrie, Université Félix Houphouët BOIGNY