La glande thyroïde, située à la face antérieure du cou sécrète les hormones thyroïdiennes : ces hormones sont absolument indispensables au bon fonctionnement de l’organisme humain.
La thyroïde est fonctionnelle depuis la vie fœtale : dès la dix-huitième semaine de grossesse, elle entre en action.
Les hormones thyroïdiennes ont un rôle majeur dans le développement et la croissance de l’enfant. Elles sont indispensables au développement du cerveau particulièrement la myélinisation. La myéline est une membrane qui recouvre et protège certaines fibres nerveuses, un peu comme une gaine en caoutchouc protège un fil électrique.
La myélinisation se fait lentement lors de la croissance, s’achevant vers l’âge de 25 ans. La myéline aurait un rôle majeur dans le développement de l’intelligence. Les défauts de production de myéline sont associés à certaines affections : la dyslexie, les trouble bipolaires, la maniaco-dépression, la schizophrénie.
Les hormones thyroïdiennes produisent la chaleur dans l’organisme. D’autres organes tels le rein, la peau, l’appareil digestif sont aussi concernés par les actions de ces hormones.
Une anomalie de sécrétion des hormones thyroïdiennes peut engendrer des signes définissant l’hypothyroïdie, l’hyperthyroïdie ou le goitre.
- L’hypothyroïdie ou insuffisance de sécrétion d’hormones thyroïdiennes peut survenir à la naissance : c’est l’hypothyroïdie congénitale. Le nouveau-né peut n'avoir aucun symptôme, d'où l'importance du dépistage sanguin ; ou il présente une somnolence, une mauvaise succion, une constipation, un ictère. Sans traitement, les symptômes deviennent évidents: faible tonus musculaire, retard psychomoteur avec déficience intellectuelle majeure appelée «crétinisme», surdité.
- Le dépistage de l’hypothyroïdie congénitale est donc fondamental : traité précocement, le handicap intellectuel est évitable.
Le dépistage, bien codifié, concerne la femme enceinte et le nouveau-né. Toutes les femmes enceintes souffrant ou ayant souffert d’une maladie thyroïdienne, même si elles sont déclarées guéries doivent informer leur obstétricien qui demandera un dosage sanguin des hormones thyroïdiennes et des anticorps antithyroïdiens. Le dépistage du nouveau-né se fait par le dosage sanguin des hormones thyroïdiennes dans sa première semaine de vie.
- L’hypothyroïdie peut aussi survenir au cours de la vie d’un enfant sans antécédents d’atteinte de la thyroïde : c’est l’hypothyroïdie acquise dont une des causes essentielles est la carence alimentaire en iode. Elle se manifeste par une prise de poids, une fatigue, une constipation, des cheveux secs et épais, une peau froide, sèche, des traits grossiers, un retard de croissance, un retard pubertaire.
- L’hypothyroïdie peut survenir chez des enfants souffrant de diabète, ou porteurs d’une trisomie, le syndrome de Turner.
- L’hyperthyroïdie est due à surproduction d’hormones thyroïdiennes. Cette hypersécrétion peut survenir chez un nouveau-né, dont la mère souffre de maladies thyroïdienne telle un nodule thyroïdien, un goitre, une maladie de Basedow. Le diagnostic peut être fait au cours de la grossesse (cœur fœtal trop rapide mettant en jeu la vie du fœtus…) ou à la naissance : retard de croissance, altération de l'intelligence. La mortalité est d’environ 15%.
- L’hyperthyroïdie peut survenir chez l’enfant. Il faut y penser devant les signes suivants : troubles du sommeil, hyperactivité, diminution de la concentration et des performances scolaires, intolérance à la chaleur, fatigue, perte de poids, selles fréquentes, palpitations, hypertension, goitre.
- La maladie de Basedow ou « maladie des yeux exorbitants de la femme » est plus fréquente chez la fille que chez le garçon. Elle s’exprime par des symptômes de L’hyperthyroïdie comme les palpitations, l’insomnie, l’amaigrissement, la diarrhée, le manque de concentration, associés à l’exophtalmie, c’est-à-dire l’aspect de gros yeux. Cette exophtalmie est en général irréversible.
- Le goitre est une augmentation du volume de la glande thyroïde qui peut être discrète ou visible à distance constituant une gêne esthétique. Le goitre est dit hypothyroïdien lorsqu’il est accompagné de signes témoignant d’une hypothyroïdie. Et il est hyperthyroïdien lorsqu’il s’accompagne de signes en rapport avec une hyperthyroïdie. Il peut être euthyroïdien lorsqu’il n’y a pas d’anomalie de sécrétion des hormones thyroïdiennes. Le goitre peut exister chez le nouveau-né.
Le goitre est fréquent au cours de la puberté, de la grossesse et de l’allaitement. Il peut être en rapport avec des facteurs dits goitrigènes. La carence en iode, le chou, le manioc et les médicaments anti thyroïdiens de synthèse en sont certains.
RETENONS QUE :
- L’hypothyroïdie, l’hyperthyroïdie ou le goître ne sont pas des maladies : ce sont des ensembles de signes pour lesquels une maladie doit être trouvée et traitée.
- D’autres maladies thyroïdiennes existent mais l’hypothyroïdie congénitale et la maladie de Basedow sont celles dont nous voudrions que vous vous souveniez chaque fois vous entendrez parler de la glande thyroïde.
- Le dysfonctionnement de la glande thyroïde soit congénital ou acquis chez l’enfant, il est plus souvent curable si traité tôt.
Pour cela, le dépistage chez la femme enceinte et chez le nouveau-né ainsi que le suivi à long terme des maladies au cours desquelles peut survenir une dysthyroïdie est important.
Dr. SORO-COULIBALY TENEDIA
Pédiatre-endocrinologue à l’Hôpital Mère-Enfant de Bingerville